L'heure mal habile
Il est une heure mal habile, ou mal habillée. Celle aux draps chiffonés .
Alors on la regarde , face à face.
On semble attendre, en tricotant un nuage aux contours flous, que vous veniez la fleur au visage.
On semble attendre l'autre pendant de la lumière, celle qui jaillit sans aucun déguisement.
Ce n'est pas le feu d'artifice du ciel qu'on désire, non, juste la maille discrète sifflotée par la nuit qui se détend.
Vous savez tout ça, encore bien mieux que l'heure mal habile.
Vous savez tout ça et vous prenez le temps qu'ont toujours pris les vieux jardiniers devant la terre retournée.
Mais
Dans l'heure mal habile, aucune attente n'a d'écho.
Aucune attente ne peut flirter avec les orchestres, aucune attente ne peut cuire au four des fleurs épanouies.
L'attente, même si elle apparait, se dissout dans l'eau embrassée par les falaises étroites.
Alors, on apprend
Toujours le visage inquiet
D'entendre la marche régulée
Des serrures perdues.
On semble embarassé d'un poids d'étain
D'une peau trop lourde
Recouvrant le regard.
Puis vous arrivez
On n'a jamais su de où
Sans doute d'un soupir innocent
Car perdu
Dans les tourbillons rouges
Des cellules.
C'est vous qui faites
Que ça se lève
Et ça se lève.
Nathalie BARDOU 19 11 2014