L'hiver, tu sais........;
J’ai la cheville entourée du coton bleu de ton regard.
Emmène moi de l’autre côté, à l’autre versant de l’heure .
Emmène moi de l’autre côté du monde.
La coupe est pleine dans l’Ici et déborde d’algues vertes.
Emmène moi dans le respir, là où nous allons encore une fois frotter nos joues à l’air souple.
Ta main se faufile dans la rupture annoncée d’avec l’heure .
L’hiver , l’hiver tu sais, l’hiver et ses feux dans l’âtre, ses feux de mots non consommés, brunis comme châtaignes, dont il nous est offert d’humer la chaude odeur.
L’hiver , tu sais, tout le froid qui s’annonce et dans l’espace du Toi, la lumière à l’orée des chemins en chemises.
L’hiver, tu sais, et les sols qu’on recouvre de souvenirs, de pianos qui sommeillent dans nos âmes, des violons en bourgeons pour nos jardins de fête.
L’hiver, tu sais, qui donne à ta peau, le nacre brillant dans la coquille de ton sommeil fragmenté.
L’hiver, je voudrais que tu dormes le long du long hiver.
Je voudrais que tu dormes, sans aucune autre fatigue que celle de respirer dans l’abandon.
L’hiver, tu sais
Notre saison, toutes nos saisons, nos saisons de l’autre côté , au cinquième point cardinal.
Toutes nos saisons dans des centaines de livres , qui portent en couverture quelques lettres.
Des lettres de vie, de sang, puisque nos vies sont du sang dans nos veines.
Et quelques lettres, minuscule valise pour tout y mettre, tout t ranger dans le désordre de nos rires.
Et ton rire, la nuit, cette nuit là en particulier, je me souviens, ton rire, soleil en plein noir silencieux et complice , ton rire éclatant venu d’où, dans les larmes, les soupirs, l’éclairement , la jouissance crépitante et éphémère , la marche d’en haut, juste foulée et les pieds après, ont froid du souvenir.
L’hiver pour nous, parce que nos chaleurs nous appartiennent, nous recouvrent et nous permettent, nous donnent la permission, nous disent oui lorsque nous dormons, ou somnolons, ou faisons semblant. Parce qu’on se sait trop, tant, tellement, beaucoup.
Tant, tellement, dénudés, sans plus rien d’autre que la peau autour de nous, une peau pour nous deux, quelque chose juste pour deux, pour un , Un.
L’hiver, tu sais, avec les doigts bleus,
Et tout le jaune dans nos lits , nos lits d’âme , nos lits qui tirent à eux le soleil, le grand soleil.
L’hiver, tu sais,
Tu dois m’emmener
L’hiver…. ;
Nathalie BARDOU Janvier 2015